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Mon nom est Ezechiel Whateley, et ceci est probablement mon dernier récit. Il y a de cela plusieurs années, j’ai été approché par le groupe Orpheus, et ma volonté d’en savoir toujours plus m’a poussé à accepter de travailler pour eux. Je me remémore la façon dont tout cela a commencé, et je souris ironiquement, en me disant que cela aurait pu en être tout autre ce soir-là, le soir où j’ai failli mourir.
C’était un samedi soir. Un samedi soir banal dans la vie d’un écrivain habitant la banlieue de Boston. Une feuille blanche et mon stylo sur la table, j’ai toujours préféré les textes manuscrits, écrits à la plume, c’est plus élégant, et on y ajoute son empreinte personnelle. Après plusieurs minutes pendant lesquelles mon inspiration était restée muette, j’avais décidé d’ouvrir la bouteille de whisky achetée la veille. J’allais entamer mon troisième verre lorsque le téléphone sonna. Je laissais le répondeur faire son travail, craignant d’avoir à répondre à mon ex-femme. Trois ans après notre divorce, Amanda continuait de me harceler pour réclamer de l’argent. Quel diable l’avait prit de partir pour rejoindre ce paumé sans travail et alcoolique. Et quel diable m’avait pris de la laisser prendre notre fille. Si je continuais à voir mon ex-épouse, c’était uniquement pour voir Elizabeth. Elle allait avoir neuf ans, et c’était la plus jolie petite fille du monde.
« Ezechiel, c’est Coleen, t’es là ? J’aimerais bien qu’on passe la soirée ensemble. Je sais il est déjà vingt-et-une heure, mais bon… »
J’avais rencontré Coleen quelques semaines auparavant. Un ami à moi me l’avait présenté lors d’une soirée. Elle et moi sommes vite devenus amis, et depuis quatre ou cinq jours, nous nous voyons régulièrement.
Je décroche l’appareil rapidement. Le son de sa voix m’enthousiasme, et j’accepte sa proposition avec la plus grande joie.
« J’arrive dans une demi-heure »
Coleen habitait à une vingtaine de miles de chez moi, je décidais donc de ne pas tarder. Je mets le contact et la voiture démarre. Cette voiture qui aura eu raison de mon destin. Une magnifique Ferrari 599 noire, avec le bruit typique du V12 italien. Une demi-heure plus tard, jarrivais devant chez Coleen. En cette soirée d’été, le temps était encore agréable, et elle m’attendait devant la porte de chez elle, ces longs cheveux châtains ondulant dans le vent. Je sors de ma voiture, quand une vieille Ford déboule dans la rue et s’arrête à ma hauteur. Deux jeunes noirs sortent, un revolver au poing.
« Passe tes clés ! »
Le type est effrayé, et je sens qu’il n’a pas l’habitude.
« Passe tes clés ou je te bute !
-Calme-toi mec, tu vas faire une bêtise. Tiens, les voilà les clés, mais reste tranquille et fais pas de connerie.
-Ta gueule ! »
Il prend les clés et démarre en trombe. L’autre mec tire deux fois, sans vraiment viser, et je vois Coleen s’effondrer. C’est la seule chose que je vois avant que l’autre balle ne m’atteigne aussi.
Je me réveille. Je suis dans un hôpital. Seul dans ma chambre, des perfusions dans mon bras, et une assistance respiratoire. Je vois un enfant debout à coté du lit. Un gamin d’une dizaine d’année que je ne connais pas.
« Aide-nous. Il nous emmène, et jamais il nous laisse repartir. »
J’appuis sur le bouton d’appel, et je crie.
« Infirmière ! Infirmière !
-Ils ne t’entendent pas, tu n’es plus avec eux. »
Je regarde autour de moi, affolé, mais, détail qui m’avait échappé, je vois tout en gris. Tout sauf le garçon, qui je voie normalement.
« Nous sommes des orphelins, personnes ne nous attend. Et il nous emmène. Aide-nous. »
Ma vision se trouble. J’entends des voix, mais je ne vois personnes.
« Défibrilateur ! Un ! Deux ! Trois ! Maintenant ! »
Le garçon est toujours là.
« Il est grand est il a des cheveux bouclés rouges. C’est un monstre, et il nous emporte. Nous avons peur. »
A nouveau les voix.
« On va le récupérer ! On va le récupérer ! On continue ! »
L’enfant est effrayé.
« Tu ne dois pas partir maintenant. Tu dois nous aider à combattre le mon…
-Il est sauvé. C’était juste. »
Je regarde péniblement autour de moi. Le mythe de la jeune et jolie infirmière s’écroule. Elle est vieille et loin d’être belle, ou belle de loin. Puis un médecin. Enfin, non, ce n’est pas ce que j’ai vu au début. Ce que j’ai vu, c’était des cheveux bouclés rouges, comme une perruque de clown. Je ferme les yeux et les rouvre. Je vois le médecin. Il me regarde.
« Eh beh, vous êtes passé pas loin vous. A quelques centimètres près c’était droit dans le cœur. Votre cœur s’est même arrêté plusieurs secondes. Mais on a réussi à vous faire revenir. »
La fatigue et les médicaments me rendorment rapidement. Le lendemain, alors que l’infirmière de la veille entre dans ma chambre, la même chambre que dans ma vision. Je lui demande où se trouve mon amie, et elle me répond que malgré leurs efforts, les médecins n’avaient rien pu faire. Elle s’apprêtait à repartir, me laissant dans ma peine quand je l’interpelle et lui raconte ma vision et l’histoire de l’enfant. Elle m’explique brièvement qu’avec l’arrêt cardiaque et l’opération, j’ai certainement eu des hallucinations. Une explication que je juge plausible. Enfin plausible jusqu’au lendemain.
Deux jours plus tard, encore à l’hôpital, avec mes bandages sur le torse, je vois deux personnes entrer dans ma chambre. Les deux mêmes personnes que j’avais rencontrées la veille.
« Monsieur Whateley, vous connaissez le groupe Orpheus je suppose. »
C’était un samedi soir. Un samedi soir banal dans la vie d’un écrivain habitant la banlieue de Boston. Une feuille blanche et mon stylo sur la table, j’ai toujours préféré les textes manuscrits, écrits à la plume, c’est plus élégant, et on y ajoute son empreinte personnelle. Après plusieurs minutes pendant lesquelles mon inspiration était restée muette, j’avais décidé d’ouvrir la bouteille de whisky achetée la veille. J’allais entamer mon troisième verre lorsque le téléphone sonna. Je laissais le répondeur faire son travail, craignant d’avoir à répondre à mon ex-femme. Trois ans après notre divorce, Amanda continuait de me harceler pour réclamer de l’argent. Quel diable l’avait prit de partir pour rejoindre ce paumé sans travail et alcoolique. Et quel diable m’avait pris de la laisser prendre notre fille. Si je continuais à voir mon ex-épouse, c’était uniquement pour voir Elizabeth. Elle allait avoir neuf ans, et c’était la plus jolie petite fille du monde.
« Ezechiel, c’est Coleen, t’es là ? J’aimerais bien qu’on passe la soirée ensemble. Je sais il est déjà vingt-et-une heure, mais bon… »
J’avais rencontré Coleen quelques semaines auparavant. Un ami à moi me l’avait présenté lors d’une soirée. Elle et moi sommes vite devenus amis, et depuis quatre ou cinq jours, nous nous voyons régulièrement.
Je décroche l’appareil rapidement. Le son de sa voix m’enthousiasme, et j’accepte sa proposition avec la plus grande joie.
« J’arrive dans une demi-heure »
Coleen habitait à une vingtaine de miles de chez moi, je décidais donc de ne pas tarder. Je mets le contact et la voiture démarre. Cette voiture qui aura eu raison de mon destin. Une magnifique Ferrari 599 noire, avec le bruit typique du V12 italien. Une demi-heure plus tard, jarrivais devant chez Coleen. En cette soirée d’été, le temps était encore agréable, et elle m’attendait devant la porte de chez elle, ces longs cheveux châtains ondulant dans le vent. Je sors de ma voiture, quand une vieille Ford déboule dans la rue et s’arrête à ma hauteur. Deux jeunes noirs sortent, un revolver au poing.
« Passe tes clés ! »
Le type est effrayé, et je sens qu’il n’a pas l’habitude.
« Passe tes clés ou je te bute !
-Calme-toi mec, tu vas faire une bêtise. Tiens, les voilà les clés, mais reste tranquille et fais pas de connerie.
-Ta gueule ! »
Il prend les clés et démarre en trombe. L’autre mec tire deux fois, sans vraiment viser, et je vois Coleen s’effondrer. C’est la seule chose que je vois avant que l’autre balle ne m’atteigne aussi.
Je me réveille. Je suis dans un hôpital. Seul dans ma chambre, des perfusions dans mon bras, et une assistance respiratoire. Je vois un enfant debout à coté du lit. Un gamin d’une dizaine d’année que je ne connais pas.
« Aide-nous. Il nous emmène, et jamais il nous laisse repartir. »
J’appuis sur le bouton d’appel, et je crie.
« Infirmière ! Infirmière !
-Ils ne t’entendent pas, tu n’es plus avec eux. »
Je regarde autour de moi, affolé, mais, détail qui m’avait échappé, je vois tout en gris. Tout sauf le garçon, qui je voie normalement.
« Nous sommes des orphelins, personnes ne nous attend. Et il nous emmène. Aide-nous. »
Ma vision se trouble. J’entends des voix, mais je ne vois personnes.
« Défibrilateur ! Un ! Deux ! Trois ! Maintenant ! »
Le garçon est toujours là.
« Il est grand est il a des cheveux bouclés rouges. C’est un monstre, et il nous emporte. Nous avons peur. »
A nouveau les voix.
« On va le récupérer ! On va le récupérer ! On continue ! »
L’enfant est effrayé.
« Tu ne dois pas partir maintenant. Tu dois nous aider à combattre le mon…
-Il est sauvé. C’était juste. »
Je regarde péniblement autour de moi. Le mythe de la jeune et jolie infirmière s’écroule. Elle est vieille et loin d’être belle, ou belle de loin. Puis un médecin. Enfin, non, ce n’est pas ce que j’ai vu au début. Ce que j’ai vu, c’était des cheveux bouclés rouges, comme une perruque de clown. Je ferme les yeux et les rouvre. Je vois le médecin. Il me regarde.
« Eh beh, vous êtes passé pas loin vous. A quelques centimètres près c’était droit dans le cœur. Votre cœur s’est même arrêté plusieurs secondes. Mais on a réussi à vous faire revenir. »
La fatigue et les médicaments me rendorment rapidement. Le lendemain, alors que l’infirmière de la veille entre dans ma chambre, la même chambre que dans ma vision. Je lui demande où se trouve mon amie, et elle me répond que malgré leurs efforts, les médecins n’avaient rien pu faire. Elle s’apprêtait à repartir, me laissant dans ma peine quand je l’interpelle et lui raconte ma vision et l’histoire de l’enfant. Elle m’explique brièvement qu’avec l’arrêt cardiaque et l’opération, j’ai certainement eu des hallucinations. Une explication que je juge plausible. Enfin plausible jusqu’au lendemain.
Deux jours plus tard, encore à l’hôpital, avec mes bandages sur le torse, je vois deux personnes entrer dans ma chambre. Les deux mêmes personnes que j’avais rencontrées la veille.
« Monsieur Whateley, vous connaissez le groupe Orpheus je suppose. »
